Isaac, caniche maniaque by Charles Mazarguil

Auteur:Charles Mazarguil
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Poulpe Fictions
Publié: 2021-02-11T07:37:36+00:00

Je passe ma tête dans l’enclos. Puis une patte avant. « PPPfffuirt. » La deuxième. « PPPfffuirt. » Je me sens comme aspiré dans de la vase mais je continue sans m’embourber. L’esprit fixé sur mon objectif, je suis Zag, qui me guide à travers le purin avec l’aisance d’une tractopelle. Je sais qu’au moindre relâchement, à la moindre perte d’attention, je me mettrai à hurler à la lune jusqu’à devenir cinglé !

— Ch’est ichi qu’on l’a vu pour la dernière fois.

Zag me montre un petit coin de sable humide, un chouia plus propre que le reste de l’enclos. Je m’approche, tous les sens (sauf l’odorat) en éveil. Il n’y a pas grand-chose à part quelques poils qui doivent avoir appartenu à Zog. Je remarque aussi qu’à côté de la vieille mangeoire, où s’appuyait le cochon, se trouve un portail conduisant vers les champs.

— Il aurait facilement pu sortir par là, non ?

Zig secoue la tête, incrédule :

— Non, c’est tout rouillé et fermé par un cadenas. Je pense que les extraterrestres l’ont aspiré dans leur vaisseau directement au-dessus de sa litière et lui ne s’est même pas réveillé pour nous alerter ! C’est un gros dormeur. Tu vois comme l’herbe est sèche à cet endroit ? Elle a été brûlée par leur faisceau d’énergie gamma !

— Pour l’instant, laissons de côté l’hypothèse de l’enlèvement extraterrestre, s’il te plaît. Ton herbe sèche, c’est juste de la paille et il y en a partout dans la ferme.

Je reste un moment à observer les lieux, mais il n’y a aucun indice. Je sais qu’il ne me reste plus qu’une ultime solution : me servir de mon flair. C’était ce que je redoutais, mais je n’ai plus le choix. Concentration absolue pour renifler très, très, trèèèèèès doucement les poils perdus de Zog… AAARRRRFF ! NOM D’UN CHIEN ! ÇA ARRACHE ! J’ai les yeux qui éternuent et les narines qui pleurent. J’ai bien peur que l’odeur de ce cochon ne soit à jamais gravée dans ma truffe ! Après une colossale quinte de toux, j’arrive pourtant à reprendre mes esprits. Position du lotus sacré. L’âcre parfum de Zog flotte sur sa litière et tout autour de la mangeoire, mais une autre senteur s’y mélange au niveau du portail rouillé. Une senteur qui, bizarrement, me rappelle quelque chose de familier. Mais qu’est-ce que ça peut bien être… ? Arf, c’est super énervant, je n’arrive pas à mettre la patte dessus ! Je garde cette trace olfactive au fond de mon crâne au cas où ça me reviendrait et, mon investigation ici terminée, je m’extrais au plus vite de cet horrible enclos.

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